Lundi 29 novembre 2010 à 13:30

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SEQUENCE IV - INT - JOUR - Bureau d?ELIN. 

Orion est de nouveau prostré devant le bureau d'Elin. De l'autre côté, Elin le regarde, un peu perdue, mais curieuse.

Orion:
Il faut faire la dictée, Madame. C'est l'heure.

Elin:
Comment sais-tu que c'est l'heure? Il n'y a plus d?horloge.

Orion:
Il faut faire la dictée, Madame.

Elin saisit une feuille blanche et un crayon à papier. Puis les pose devant Orion. 

Elin:
Dessine moi plutôt quelque chose. Ce qui te fait plaisir.

Orion redresse les yeux, surpris. 

Orion:
Mais on ne peut pas. On a pas le droit. Il faut faire la dictée.

Elin:
On la fera après.


Orion se saisit lentement de la feuille et des crayons de couleurs. Devant ses yeux, les couleurs se mélangent. Mais sa main est sûre. Des touches de bleus viennent, sous les yeux fascinés d'Elin, côtoyer des larges bandes de jaunes. Quelques touches de verts s'invitent dans le tableau. Orion distingue Elin lui sourire, avant de se concentrer de nouveau sur son dessin.

Orion plaque son dos contre le dossier de la chaise. Ravi, mais essoufflé comme après un effort physique.

Orion:
On arrête là pour aujourd'hui. On continuera demain.


Elin regarde le dessin d'Orion, et sourit.


Elin:
Et si c'était toi qui me faisait la dictée?


Orion se redresse, étonné.


Elin:
Tu me dictes ce que tu as dessiné. Quand j'ai fini, tu corriges mes fautes.

Orion est toujours stupéfait.

Orion:
On a le droit?

Pour toute réponse, Elin sourit. Elle s'empare d'une nouvelle feuille blanche et d'un stylo et montre qu'elle est prête à écrire.

Orion se lève de sa chaise et se tient bien droit. Il prend un air sérieux et solennel.

Orion:
Dictée d'Angoisse numéro un.

Elin écrit avec application. Orion arpente la salle. Tantôt il prend un air très sérieux, imitant les professeurs, tantôt il marche par acrobaties, maladroitement, comme s'il voulait tester de nouvelles manières de se déplacer. Au fur et à mesure de la dictée, la vision d'Orion se fait plus vaporeuse, le décor se brouille. Elin écrit frénétiquement sous la dictée d'Orion.

 

Orion:
Des fois on voit clair, et des fois on voit flou. C'est les rayons du démons de Paris qui font ça. Ils me forcent. Des fois je me vois, et on a envie de se donner des coups de poings. Les autres enfants, on a pas envie de leur donner des coups de poings, mais le démon casse tout. Le démon, il mange les gens. Les digère. Et les recrache dans la rue. On les voit quand on vient à l'école. Le démon les rend déjà morts. Alors nous, on court pour échapper aux rayons du démon. On vient ici pour se protéger. Mais des fois ça ne suffit pas. Alors quand on va pas bien, je vais sur les îles sans temps. Là-bas le démon n'existe pas. Et je vois. Et j'entends.

 
 

Les îles sans temps, 2010

Samedi 27 novembre 2010 à 13:07

http://arkineus.free.fr/blog/writingonwindows.jpgAu fur et à mesure des semaines, les pages tombent, noircies par le stylo. Les gribouillis noirs s'entassent dans un coin, chevauchant une autre idée écrite au stylo rouge. Des flèches les relient, créent un labyrinthe de calligraphies. J'ai toujours rêvé de produire un de ces carnets comme on en voit dans les films. Bordéliques, mais esthétiquement ordonnés. Finalement j'ai renoncé.

Finalement les carnets qui s'entassent sont des anniversaires. Ils montrent le temps qui passe. Tant de mots pour tant d'époques. L'écriture est mes points de repères. Chaque feuille de papier a un potentiel incroyable avant que j'en vienne à y écrire des choses dessus. Elle est possiblement support d'un chef d'oeuvre.

Moi je ne viens qu'y écrire ce que je suis.
J'imagine la déception de la feuille.

Samedi 27 novembre 2010 à 12:52

http://arkineus.free.fr/blog/sourd.jpgJ'ai fini Babel. Je me suis levé. J'ai mis un point final sur mes notes. Puis je suis sorti. Sans dire à personne que je partais. J'ai marché à grandes enjambées comme si je fuyais cette résidence où patrouillent des vigiles avec leur chien. Dehors. La pellicule du monde. Qui défile trop vite devant mes yeux. J'ai foncé dans le métro en bousculant deux trois personnes. Je me suis à peine excusé, elles n'étaient pas importantes pour le moment. Seul comptait d'être là, sur ce quai de métro, où les gens discutent à peine, où pourtant il y a tellement de bruit. 

J'ai sorti de ma poche les deux boules de cotons enveloppées dans du papier. J'ai défait méticuleusement le papier, extrait la cire du coton. J'ai façonné les boulettes avec précaution. Puis je les ai glissées dans mes oreilles. J'ai poussé autant que j'ai pu. Jusqu'à ce que ça fasse mal mais que plus rien ne puisse rentrer. Puis j'ai fermé les yeux. Le temps de m'habituer au bourdonnement.

Et le monde s'est tu. 

Alors je suis monté dans la rame qui arrivait. Et je n'entendais plus personne autour de moi. Juste quelques murmures sourds.
C'est alors que je me suis rendu compte à quel point nous étions aveugles.

Mardi 9 novembre 2010 à 23:14

 Je me dis que si un de ces jours je m'emmerde.
Je pourrais toujours jouer au puissance 4 avec la bibliothèque au bout de mon lit.
C'est déjà ça.

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