"Dehors. Le Vent.
Dedans. La tempête.
Moi au milieu. Qui brûle d'être dehors.
Qui gèle en dedans."
Les rafales manquent de détruire mon volet, et je m'étais dit que je me coucherais avant minuit. Sous les tuiles, le vent hurle et la tempête fait rage. Je ne peux m'empêcher de penser "Kant. Le Sublime. Kant. Le Sublime." comme un tic tac d'horloge trop bien huilée.
Sur la rocade, après avoir déposé Julie dans son train pour la capitale. Jouant du frein pour ne pas trop avancer dans les bouchons. Le Ciel. Menaçant. De lourds nuages noirs. La perspective dégagée des bâtiments toujours trop hauts, toujours trop grands. Les nuages. Les voitures en dessous, y fonçant inexorablement. Une véritable peinture au soleil couchant. Des bleus, des noirs, des verts. Un peu de Orange parfois. Les phares rouges. Je pense " ce sont des couleurs", pas de ces couleurs fadasses que l'on ne remarque pas. Ces couleurs qui pénètrent directement l'âme et qui résonnent partout. Puis les éclairs, le vent, j'ouvre la fenêtre.
Je ne vis plus que pour la contemplation. Pour ce moment où je n'existe plus, mais où je suis dans la nature qui se déchaîne. Je suis dans l'observation désintéressée, déraisonnée des formes et des couleurs.
Ce soir c'est différent. Le vent qui cogne m'angoisse. Pourtant bien à l'abri à l'intérieur, je devrais exulter. Pourtant seul sortir permettrait l'inévitable ressassement de la tranquillité. Et vider encore, et encore, l'incroyable torrent, qui gèle petit à petit la tempête intérieure.