Dans le couloir assis, les gens attendent.
Les cours se remplissent aussi vite que les heures passent. Devant moi se dresse toute l'hystérie, l'absurdité d'un monde et d'un système qui se perd dans ses propres contradictions et ses propres illusions. Dehors encore, et pourtant enfermé en soi. L'homme sans cesse en transition, vers sa mort, seul prétexte à l'existence.
Je suis traumatisé. Violemment remué dans tout mon être. Réalisant que je ne sais où je vais, ni ce que je suis, ni ce que je veux être. Peut-être ne veux-je d'ailleurs pas être. Ou bien être par procuration. La folie humaine, jusqu'ici mythe, s'incarne, devant mes yeux écarquillés. Il n'y a à Paris que superposition des illusions de l'existence, des substituts aux nécessités de l'âme. Une sorte de drogue immonde dans laquelle l'habitant s'oublie par nécessité.
Paris est une ville de transition. Sa stature découle des touristes éphémères qui la dévore des yeux. La marche, la course, n'est qu'une translation d'un endroit à un lieu, d'un état à une sensation. On est but et non moyen. On évolue pour être dans un endroit et non pour aller.
Mon appartement est un endroit de transition, vers un autre endroit pour vivre, vers un autre métier, vers un autre moyen de vivre. Les meubles, respirent le neuf. Ce sont les miens, et pourtant tellement étrangers. Ils sont invariablement liés à cet état de transition, à cet esprit d'apprivoisement d'un espace temporaire, qui deviendra celui d'un autre dans si peu de temps.
Je songe à ces fantômes qui ont hanté les murs il y a à peine quelques jours. Comment étaient-ils, comment vivaient-ils? Je sens leurs traces un peu partout dans ces cloisons qui renvoient mes bruits de pas. J'ai les échos de leur transition, dans l'immensité des 90m2. Je sens leur arrivée et leur départ dans ces murs qui n'ont jamais eu d'existence.
Je manque d'humanité. Devant tant de regards vides, de mouvements vains, de marches sans démarches. J'ai peur de devenir comme ça. De baisser ma vigilance, et d'être dans les affres des comptes, des courses, du métro boulot dodo. De survivre.
J'ai été traumatisé par toute la tristesse des regards, de l'inexistence de ces anonymes que je ramène avec moi dans mon "nouveau nid". Les murs des tours se referment sur moi, ceinturés par une grand boucle autoroutière. Paris est un labyrinthe, sans issue simple vers la nature. Sans sortie, tout court. Puisque j'en ressens encore la terreur jusqu'ici au fond de mon lit, au fin fond de la maison familiale.
Demain j'irais à Arès. À la plage.
voir l'Horizon.
J'aime bien ton blog (même lu très incomplètement) parce que tu caches peu des hésitations et ambiguïtés qui sont notre lot à tous.