Lundi 17 mai 2010 à 23:04

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"- Vous m'avez dit un jour que l'ignorance n'est pas la même chose que le mal. Vous vous en souvenez?
-Oui. Je m'en souviens.
-C'est vrai? Vous pensez réellement que c'est vrai? Que l'ignorance, ce n'est pas le mal?
-Bien sûr, dit-il. Bien sûr que c'est vrai.
-Vous y croyez vraiment?
-Bien sûr que j'y crois. On peut pardonner l'ignorance. L'ignorance n'est jamais la même chose que le mal. Pourquoi me posez-vous cette question?
-Parce que... Parce que...

Une étrange sensation était en train de m'envahir, venue de nulle part, accompagnée d'une impression de puissance et de vertige.

- ... parce que c'est une des questions les plus importantes du monde."

Tokyo, Mo Hayder.




À chaque fin de chapitre, je pars. Je balance entre le livre et la réflexion. Chaque phrase, chaque mot résonne en moi comme un gong puissant. À chaque fin de chapitre, je l'écoute. Je prends dix minutes. Je souffle. Je me remets. Je le laisse se dissoudre dans mon esprit, qui le prend pour acquis. L'ignorance et le mal sont une des questions les plus importantes du monde. Quelle effet cela fait d'arriver à cette conclusion? Quelle effet ça fait d'écrire cette phrase? De se dire: "Je suis l'auteur, cette phrase est de moi."?

Une semaine j'ai essayé d'écrire cet article. Et voilà que ça arrive tout naturellement. L'admiration. Des gens que l'on admire. Ceux virtuels, les auteurs, les acteurs, les écrivains les philosophes, ceux que l'on atteindra jamais de par notre petitesse, ceux qui dans l'idéal forment un panthéon. Et ceux réels, qui nous fascinent, nous accapare en entier. Je suis dans la deuxième partie, dans la recherche perpétuelle de ces gens existants à admirer. Secrètement trouver une véritable raison entière, juste, inattaquable, d'admirer quelqu'un me permet de justifier le dégoût que je porte à ma simple existence. Je sais, et je vois, l'admiration des autres. Celle de Mathieu qui dit qu'il se sent con à côté, celle d'Adeline qui veut m'écouter parler des mythologies amer-indiennes, celle des prépa qui se demandent comment quelqu'un de leur âge peut leur faire cours. Je la sens je la palpe et je la vomis autant qu'elle me fait exister. Je me nourris à l'admiration, surtout celle que je reçois pour la réinvestir dans les autres. Les idéaliser, les placer sur un piedestal. Pour au final simplement les regarder et conclure "de toutes manières ce n'est pas pour moi." Quelle déception de voir alors, ces sujets si précieusement choyés, idéalisés, rompre toutes nos illusions et perdre ne serait-ce qu'un moment notre admiration. Leur propension à vouloir garder leur petit monde intact, à s'accrocher désespérément à quelque chose de précieux, à conclure que leur existence ne s'attache qu'à un objet ou à un seul être. Comment réagir quand celui idéalisé se noie dans les tourbillons de son ombre? Comment envisager l'admiré comme ignorant?

Vous vous en souvenez? L'ignorance n'est pas le mal?

En fin de compte je suis l'ignorant. Par delà la haute conscience d'autrui, j'en ai oublié mon existence. Est-ce le mal? Aucune idée. Est-ce que à absolument vouloir être aimé, on en amène à se détruire psychologiquement, puis physiquement, est-ce le mal? Non? Et pourtant? Quand l'ignorance entraîne les autres dans ses délires... Si je n'avais pas été si ignorant, peut-être n'aurais-je succombé à ces pulsions qui font aujourd'hui de ma vie un véritable enfer. Si elle n'avait pas été si ignorante, Grey n'aurait pas couché avec ces garçons à l'arrière de la camionnette. Est-ce de sa faute? Est-ce de la mienne? Peut-on réellement parler de faute quand on parle de monstre? En fin de compte, ma plus grosse erreur a été de croire à un moment donné que je puisse réellement vivre en m'acceptant en tant que tel. Ma plus grosse erreur a été de croire quand elle m'a dit que ce n'était qu'une question d'acceptation. Les jours s'enfuient, sans avenir véritable. Le temps a une fin, parce qu'il n'a pas d'avenir. Pas d'après-crise, pas d'après BTS, pas d'après dispute, pas de guérison, pas de solutions. Au final nous sommes en plein dans l'ignorance. Dans l'ignorance la plus totale, partout à tous les niveaux.

Est-ce le mal?
Je ne crois pas.


Je ne comprends pas comment un message a pu soulever une vague de tendresse. Où alors était-ce la discussion de l'autre soir? Finalement nous nous connaissons autant que nous nous ignorons. Il y a deux ans, c'était l'ignorance qui m'avait lancé. J'ai voulu chercher la connaissance. Aujourd'hui je sais qu'il n'existe sans doute pas de comble à l'ignorance, il n'existe que du colmatage, qui met en évidence encore plus d'ignorance.

Le monstre en moi, celui qui veut le malsain, celui qui le recherche, celui qui est devenu un leitmotiv secret tous les jours qui passent, agit comme un détracteur. Suis-je Ignorant? Moins que vous...et pourtant par bien des abords...la connaissance froide est pire que l'ignorance.

L'ignorance n'est pas le mal.
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