"Il semble que vous vous mépreniez sur un point..."
"...?"
"L'amour n'a rien de confortable."
J'me sens moche, j'me sens idiot, j'ai envie de me foutre des claques.
J'men veux, j'me déteste.
Cette Tapisserie a tout recouvert, enfin, hélas.
Aujourd'hui je suis rentré à l'école. C'était pourrave.
J'en ai marre de me sentir comme ça.
Constamment pensant/ronchon
C'est naze...c'est nul.
***
La Tapisserie.
"Au fur et à mesure que je décolle ma tapisserie, je prends conscience de ce que cela implique. Dans ma
précipitation d'en finir avec les motifs de radios et de bonshommes souriants, je n'ai pas pris le temps d'y
réfléchir. Pourtant, chaque pan de papier peint porte un souvenir, a une existence. Achever sa tapisserie
n'est pas aussi simple, alors je regarde.
Ici on ne les voit pas mais il y a d'innombrables trous de punaises, témoins de ma folie meurtrière des
posters. Là on voit la trace d'un cadre. Finalement, la tapisserie tient lieu de mémorial sacré et on ne vient
pas à bout d'un mémorial sans scrupules. Le seul moyen d'avoir le courage de s'attaquer à l'ennemi de
l'évolution c'est de désacraliser ce qui, malgré moi, a pris la place d'un démon – donc d'une idole-. Je
prends un marqueur, et je prends Le Passeur de Loïs Lowry, souvenir délicieux de Julie, un escabeau et au
dessus de ma porte…j'écris. Puis un autre livre, un autre endroit et j‘écris jusqu'à épuisement du marqueur,
jusqu'à ce que mes murs soient couverts de Pennac, de Ponti, de Schmitt et de nombre de leurs confrères
(et consœurs). La littérature vient à bout de mon enfance, comme si la culture et le savoir étaient le seul
moyen de dégrader le symbole de l'ignorance et de l'innocence.
Je dégrade ma Tapisserie en la sacralisant encore plus. Au delà du sacré, j'en crée un autre pour qu'elle
perde son agressivité, le nouveau sacré qu'en procure les mots retire la menace de retirer du mur 10 ans
de vie commune. Au fond, ce que je fais est un divorce. Je divorce du gamin qui me colle aux basques
depuis un moment déjà…"
extrait des Lignes, 2008.