Lundi 15 septembre 2008 à 23:08



 Autrui et le Beau

[...]
"Il y a des milliers d'autres sur la planète, pourtant il y a bien une chose qui les regroupe tous. Le Beau.
 Mes parents ne m'ont jamais appris ce que c'était le beau. Ils m'ont appris le pratique. Le Beau a-t-il
 autant d'importance dans un contexte de paupérisation ? Le Beau est-il un luxe auquel j'ai pu avoir accès
 dès ma naissance ?

La relation que j'entretiens avec la beauté est très complexe. Je vois ça comme une compétition
 personnelle. Je veux respirer le beau. C'est de l'orgueil. La beauté ne m'apportera rien de plus. Mais je la
 veux. Je ne veux pas de cette beauté feinte. Je veux me regarder dans un miroir et ne pas soupirer en
 regardant un ventre non musclé, flasque, bedonnant ; des cheveux désordonnés, jamais à la bonne
 longueur ; ou des boutons cumulant, des lèvres gercées. Je veux le parfait, partout.

Sans doute est-ce pour un but de désir reçu. Soyons honnête, ça doit être ça. Toujours être apprécié de
 plus en plus. L'anti-humilité qui fait que mon corps ne me satisfait jamais donc ne se satisfait jamais à
 lui-même.

C'est comme ça."

extrait des Lignes, Autrui et le Beau, 2008

***

Morgan a dit
"À partir d'aujourd'hui, vous vivez BTS.
Vous pensez BTS, vous bouffez BTS. Mais en tout cas BTS BTS
"

Je suis désolé de ne mettre que des textes issus de mes notes pour un bouquin que je prépare, au lieu d'un véritable article. Mais plus je les lis et plus je me dis que c'est exactement moi ce soir. Alors c'est égocentrique, d'accord, mais bon, un blog n'est-il pas égocentrique?

J'ai l'impression d'être une sorte de "tac-tac", objet de mouvement perpétuel qui chasse un trauma, pour en prendre un autre et revoir arriver l'autre au galop. Je ne comprends pas pourquoi j'ai toujours besoin de m'éclater le cerveau alors que tout paraît simple pour les autres, sans problèmes. Moi j'vais avoir 19 ans bientôt (on va dire avant que j'ai eu le temps de péter un câble à l'école...du moins j'espère...), et je bloque sur des conneries, sans cesse à me demander si c'est bien, si c'est pas bien, à tirer conclusions hâtives de tout, de n'importe quoi. Qu'est ce qui se passe dans ma tête...pourquoi? L'herbe est pas plus verte ailleurs?

J'me dégoûte rien qu'à m'entendre penser, rien qu'à savoir que ça va pas alors que ça devrait aller très bien.

Rien à faire...je suis bel et bien un gros dossier. Mon bonheur devrait résider en ce moment même avec mon chat qui ronronne sur mes genoux. Mon bonheur est à 40000 lieues d'ici pour une raison, presque totalement inconnue. Je devrais me contenter de ce que j'ai. La moitié de l'humanité voudrait ma vie, et moi j'trouve le moyen de pas l'aimer.

Un problème chassé, hop j'men invente un autre, et quand j'aurais chassé l'autre, j'en aurais trouvé un autre. J'dois en fait aimer me sentir mal quelque part, aimer déprimer, aimer traîner les pieds. J'pourrais porter des T-shirt "No Future" ou d'autres avec la gueule du Ché pour exprimer mon malaise de gamin. Nan moi j'trouve ça beaucoup plus sophistiqué de réfléchir sur ma condition et dire sur une connasse de page blogale.
"Hiiinn trop nulle la vie. C'est naze..."

J'vous jure...


***

Les Promesses Oubliées

"Je ne saurais prédire si j'aurais des enfants, si oui avec qui, combien ? Je laisse au futur le soin de
 décider. Bien souvent, je me demande où est la légitimité d'enfanter. De quel droit ais-je le droit de faire
 vivre un être qui n'a rien demandé ne serait-ce qu'en faisant appel à Darwin pour prétexter une survie de
 l'espèce ? Etant homme, je ne porte pas l'enfant, je ne suis que l'élément déclencheur de sa vie, la
 condition Y de sa mise en route sur le chemin de la vie. De quel droit, par pur égoïsme, je peux faire
 souffrir un être vivant en le faisant vivre ? Car ne nous y trompons pas, la vie est une succession de rires
 et de joies, mais aussi de pleurs et de souffrances. Quand l'horizon du monde permet d'aller au plus mal,
 comment peut-on engrener une vie dans le rouage ?

[...]"

extrait des Lignes, Les promesses oubliées, 2008


Lundi 15 septembre 2008 à 21:55



"Il semble que vous vous mépreniez sur un point..."
"...?"
"L'amour n'a rien de confortable."


J'me sens moche, j'me sens idiot, j'ai envie de me foutre des claques.
J'men veux, j'me déteste.
Cette Tapisserie a tout recouvert, enfin, hélas.
Aujourd'hui je suis rentré à l'école. C'était pourrave.
J'en ai marre de me sentir comme ça.
Constamment pensant/ronchon
C'est naze...c'est nul.


***
 La Tapisserie.

"Au fur et à mesure que je décolle ma tapisserie, je prends conscience de ce que cela implique. Dans ma
 précipitation d'en finir avec les motifs de radios et de bonshommes souriants, je n'ai pas pris le temps d'y
 réfléchir. Pourtant, chaque pan de papier peint porte un souvenir, a une existence. Achever sa tapisserie
 n'est pas aussi simple, alors je regarde.

Ici on ne les voit pas mais il y a d'innombrables trous de punaises, témoins de ma folie meurtrière des
 posters. Là on voit la trace d'un cadre. Finalement, la tapisserie tient lieu de mémorial sacré et on ne vient
 pas à bout d'un mémorial sans scrupules. Le seul moyen d'avoir le courage de s'attaquer à l'ennemi de
 l'évolution c'est de désacraliser ce qui, malgré moi, a pris la place d'un démon – donc d'une idole-. Je
 prends un marqueur, et je prends Le Passeur de Loïs Lowry, souvenir délicieux de Julie, un escabeau et au
 dessus de ma porte…j'écris. Puis un autre livre, un autre endroit et j‘écris jusqu'à épuisement du marqueur,
 jusqu'à ce que mes murs soient couverts de Pennac, de Ponti, de Schmitt et de nombre de leurs confrères
 (et consœurs). La littérature vient à bout de mon enfance, comme si la culture et le savoir étaient le seul
 moyen de dégrader le symbole de l'ignorance et de l'innocence.

Je dégrade ma Tapisserie en la sacralisant encore plus. Au delà du sacré, j'en crée un autre pour qu'elle
 perde son agressivité, le nouveau sacré qu'en procure les mots retire la menace de retirer du mur 10 ans
 de vie commune. Au fond, ce que je fais est un divorce. Je divorce du gamin qui me colle aux basques
 depuis un moment déjà…"

extrait des Lignes, 2008.


Vendredi 27 juin 2008 à 23:06


Avec beaucoup de retard...

Les mots auraient dû rebondir sur les bords de mon crâne comme beaucoup le décrivent. Pourtant, il n'en est rien. Papa viens de m'appeler, je sais qu'il va mal, je sais qu'il essaie d'être fort pour pas que nous soyons triste, mais les fait sont là, Grand-Père est mort ce matin.

C'est bizarre de penser que sa mort ne m'a pas affecté autant que je le voudrais et que cette idée me rend plus triste que sa mort en elle même. Grand-Père est en quelque sorte le héros de mes jeunes années, sans vouloir jouer dans le garçon stéréotype du petit-fils. Il était vraiment impressionant, du genre imposant par sa présence, un charisme qui se dégage, l'homme qui se inspire le respect dès qu'on le voit. Grand-Père était tout ça, un concentré d'irreprochable et de générosité, un modèle à lui tout seul. Il était à mes yeux du genre invincible. Celui que même une maladie cerebrovasculaire n'avait pas réussi à abbattre et même pas à paralyser, Grand-Père, c'était mon idéal.

On me l'a retiré, comme ça, du jour au lendemain, sans prévenir, et je n'ai même pas pleuré, je n'ai pas rien ressenti c'est faux, mais ça ne m'a pas fait grand chose. Peut-être avais-je assez souvent imaginé le moment pour que quand celui-ci arrive je sois fin prêt. Peut-être est-ce aussi que je préfère, connaissant un peu Grand-Père, le savoir mort que souffrant et dépendant; il n'aurait pas supporté je pense.

Non le plus dur dans l'histoire est de voir les gens autour de moi, profondément affecté, de voir mon père, pleurer à chaudes larmes, et avoir du mal à s'en remettre. Voir Grand-Mère si forte et si abattue en même temps. L'absence de Grand-Père n'est pas encore obscène, les gens remplissent la maison, il y a bien la tache de sang dans l'escalier, que personne n'évoque, qui le rappelle, mais non, on ne s'aperçoit pas de son absence physique. En même temps, Grand-Père est là, allongé sur le lit, qui attend sa prochaine couche de bois. Et lui et moi on passe quelques minutes à discuter silencieusement. Et allez savoir pourquoi j'ai aimé ce dernier moment en compagnie de mon Grand Père. Ce n'était pas celui des regrets, des pleurs et de la tristesse, c'était celui de l'admiration, de l'amour qu'un petit fils porte à son grand-père.

...

Maintenant le deuil se fait sentir, il frappe un peu plus comme des coups sourds au fond de l'estomac. L'idée se fait un peu plus oppressante, dérangeante, et la tristesse pointe son nez. Mais  sauf pour les morts...la vie continue.

Samedi 14 juin 2008 à 22:26



   Un coup. Et les larmes partent. Ca faisait deux ans. Deux ans que je n'avais pas pleuré réellement. Deux ans que j'accumulais, deux ans à contenir, et là je m'effondre sur le carrelage, et je pleure. Camille s'agenouille devant moi et me prends dans ses bras, et je pleure contre elle, je pleure de rage de honte et de tout ce mélange de choses qui font que l'on ne peut plus se détester. Sur le carrelage, je sanglote, comme un gamin et j'hume son odeur apaisante. Je suis tellement perdu, elle aussi. Ca a craqué, aujourd'hui, quelque chose s'est brisé, certes quelque chose que l'on a forcé à casser. Se retrouver dans les bras de son ex deux ans après, à pleurer, à demander pardon, à se demander mutuellement pardon.

    Pleurer fait du bien, pleurer dans les bras de son ex est quelque chose de très très bizarre, mais rassurant, personne ne sait quoi faire assis sur un carrelage à évoquer tous les vieux démons et dire que j'ai tout raté mais elle juge que c'est pas ma faute. On revient sur trois ans, on culpabilise on se remercie et on partage des moments de tendresses. On ne s'aime plus par amour, on redécouvre l'amitié. On se confie et on regrette, on partage et on apprends. Pleurer fait du bien, quand quelqu'un comprend sans proposer de solutions, c'est encore mieux.

    Non je ne suis pas retourné avec mon ex, j'ai juste eu une grande session émotion. Le débat est clos. Fallait que je le lâche.

Samedi 14 juin 2008 à 1:20



    Et bien, j'ai enfin de nouvelles photos d'identité pour pouvoir mettre sur mes cartes officielles. Je crois n'avoir jamais été autant satisfait par des photomatons, du premier coup en plus! Et comme j'ai rien d'autres à faire à 1h02 du matin, on va réfléchir ensemble sur photographie, identité, et humanisme.

    Vous n'ignorez sans doute pas que les photos d'identités ont vus leurs normes changées au mois de Janvier. Pourquoi? Ben on sait pas trop en fait, je suppose que c'est plus facile de coller une étoile jaune sur une personne qui sourit pas. Nan en étant sérieux, les motifs officiels et (un peu) justifiés sont que lors d'un contrôle de police, ben les gens ne ressemblent pas à leurs photos parce qu'ils ne sourient pas. Bon...et après?

    La photographie pour certaines tribus indigènes du continent en dessous du notre (il paraît que ça deviendrait politiquement incorrect de dire Afrique), serait une fixation de l'âme sur du papier. Pour d'autres la photo est une représentation du réel et donc de l'être humain existant en tant que Sujet que nous sommes. Bon. Pour les photos d'identité, le problème est que la photo doit nous représenter dans notre identité, c'est à dire dans notre totalité émotionnelle et physique. Alors évidemment c'est compliqué parce qu'elle solution sinon de supprimer les émotions qui font chier. Oui non c'est vrai, on est pas tout le temps souriant ni dépressif alors soyons neutre. Ne sourions pas n'ayons pas d'expressions, bref n'ayons rien, ça aide à vendre les CV. Le portrait c'est en quelque sorte humaniser ce qui est difficilement humanisable (une personne pas en face de nous matricule républicain XZ1107548218545433SMJ) pourtant cette photo d'identité c'est ôter à tout l'être humain son humanité.

    Comprenons nous bien, il ne faut pas avoir d'émotions ce qui est quand même une des caractéristiques majeures de l'humain, il faut avoir le visage tous à 32-33mm, ce qui est quand même assez, comment dire, uniformisant pour une diversité biologique comme notre espèce, ne pas porter de lunettes quand on en porte, ce qui est un comble puisque ça signale une vue arrangée et que sans vouloir offenser les porteurs de binocles (je le suis aussi), les lunettes c'est quand même une grande partie du physique. Enfin bref, à force de chercher à ressembler le plus à ce que l'on est, on finit par plus ressembler à rien du tout.
   
    Bon toujours est-il que ces photos, j'les aime bien, un sourire n'aurait pas été de trop! Le signe distinctif sur ces photos sont les lèvres gercées et que pour la première fois sur mes photos d'identités depuis que je l'ai, on ne voit pas ma croix de vie égyptienne. Deux mauvais points. Sinon je vous présente moi, car oui en haut de l'article c'est moi, mais si vous avez bien compris, c'est aussi loin d'être moi.

    BONSOIR!

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