Autrui et le Beau
[...]
"Il y a des milliers d'autres sur la planète, pourtant il y a bien une chose qui les regroupe tous. Le Beau.
Mes parents ne m'ont jamais appris ce que c'était le beau. Ils m'ont appris le pratique. Le Beau a-t-il
autant d'importance dans un contexte de paupérisation ? Le Beau est-il un luxe auquel j'ai pu avoir accès
dès ma naissance ?
La relation que j'entretiens avec la beauté est très complexe. Je vois ça comme une compétition
personnelle. Je veux respirer le beau. C'est de l'orgueil. La beauté ne m'apportera rien de plus. Mais je la
veux. Je ne veux pas de cette beauté feinte. Je veux me regarder dans un miroir et ne pas soupirer en
regardant un ventre non musclé, flasque, bedonnant ; des cheveux désordonnés, jamais à la bonne
longueur ; ou des boutons cumulant, des lèvres gercées. Je veux le parfait, partout.
Sans doute est-ce pour un but de désir reçu. Soyons honnête, ça doit être ça. Toujours être apprécié de
plus en plus. L'anti-humilité qui fait que mon corps ne me satisfait jamais donc ne se satisfait jamais à
lui-même.
C'est comme ça."
extrait des Lignes, Autrui et le Beau, 2008
***
Morgan a dit
"À partir d'aujourd'hui, vous vivez BTS.
Vous pensez BTS, vous bouffez BTS. Mais en tout cas BTS BTS"
Je suis désolé de ne mettre que des textes issus de mes notes pour un bouquin que je prépare, au lieu d'un véritable article. Mais plus je les lis et plus je me dis que c'est exactement moi ce soir. Alors c'est égocentrique, d'accord, mais bon, un blog n'est-il pas égocentrique?
J'ai l'impression d'être une sorte de "tac-tac", objet de mouvement perpétuel qui chasse un trauma, pour en prendre un autre et revoir arriver l'autre au galop. Je ne comprends pas pourquoi j'ai toujours besoin de m'éclater le cerveau alors que tout paraît simple pour les autres, sans problèmes. Moi j'vais avoir 19 ans bientôt (on va dire avant que j'ai eu le temps de péter un câble à l'école...du moins j'espère...), et je bloque sur des conneries, sans cesse à me demander si c'est bien, si c'est pas bien, à tirer conclusions hâtives de tout, de n'importe quoi. Qu'est ce qui se passe dans ma tête...pourquoi? L'herbe est pas plus verte ailleurs?
J'me dégoûte rien qu'à m'entendre penser, rien qu'à savoir que ça va pas alors que ça devrait aller très bien.
Rien à faire...je suis bel et bien un gros dossier. Mon bonheur devrait résider en ce moment même avec mon chat qui ronronne sur mes genoux. Mon bonheur est à 40000 lieues d'ici pour une raison, presque totalement inconnue. Je devrais me contenter de ce que j'ai. La moitié de l'humanité voudrait ma vie, et moi j'trouve le moyen de pas l'aimer.
Un problème chassé, hop j'men invente un autre, et quand j'aurais chassé l'autre, j'en aurais trouvé un autre. J'dois en fait aimer me sentir mal quelque part, aimer déprimer, aimer traîner les pieds. J'pourrais porter des T-shirt "No Future" ou d'autres avec la gueule du Ché pour exprimer mon malaise de gamin. Nan moi j'trouve ça beaucoup plus sophistiqué de réfléchir sur ma condition et dire sur une connasse de page blogale.
"Hiiinn trop nulle la vie. C'est naze..."
J'vous jure...
***
Les Promesses Oubliées
"Je ne saurais prédire si j'aurais des enfants, si oui avec qui, combien ? Je laisse au futur le soin de
décider. Bien souvent, je me demande où est la légitimité d'enfanter. De quel droit ais-je le droit de faire
vivre un être qui n'a rien demandé ne serait-ce qu'en faisant appel à Darwin pour prétexter une survie de
l'espèce ? Etant homme, je ne porte pas l'enfant, je ne suis que l'élément déclencheur de sa vie, la
condition Y de sa mise en route sur le chemin de la vie. De quel droit, par pur égoïsme, je peux faire
souffrir un être vivant en le faisant vivre ? Car ne nous y trompons pas, la vie est une succession de rires
et de joies, mais aussi de pleurs et de souffrances. Quand l'horizon du monde permet d'aller au plus mal,
comment peut-on engrener une vie dans le rouage ?
[...]"
extrait des Lignes, Les promesses oubliées, 2008